Marchés émergents: définition, opportunités et perspectives

En 2023, plus de la moitié de la croissance économique mondiale provenait d’économies considérées comme émergentes par le Fonds monétaire international. Pourtant, leur volatilité reste supérieure à celle des pays développés, ce qui complique l’allocation d’actifs pour les investisseurs institutionnels.

Certaines entreprises issues de ces zones affichent des taux de rentabilité inaccessibles aux acteurs occidentaux, mais subissent une exposition accrue aux risques géopolitiques et réglementaires. Les critères de sélection diffèrent donc radicalement de ceux appliqués aux marchés dits matures, imposant une approche méthodique pour capter les opportunités tout en maîtrisant l’incertitude.

Comprendre ce qui distingue un marché émergent aujourd’hui

Impossible de confondre les marchés émergents avec le reste du paysage financier : ici, la transformation se joue à grande échelle, portée par des économies en pleine mutation. Leur force ne se limite pas à la vigueur de leur croissance. Ce sont des territoires où l’industrialisation accélère, où les classes moyennes prennent de l’ampleur, et où l’on assiste à la naissance de nouveaux moteurs économiques. Si l’on se fie aux classements du MSCI, de la Banque mondiale ou du Fonds monétaire international (FMI), la catégorie réunit aussi bien la Chine et l’Inde que le Brésil, le Mexique, l’Afrique du Sud, la Pologne, la Turquie, l’Égypte, l’Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis.

Ce qui saute aux yeux, c’est la rapidité de leur expansion et leur besoin pressant en infrastructures. Mais à cette dynamique s’associent aussi des aléas bien identifiés : volatilité élevée, incertitudes politiques, fluctuations des devises. Dépendance aux matières premières, institutions fragiles, systèmes monétaires parfois instables : voilà le revers de la médaille.

Pour mieux cerner ce qui façonne leur singularité, plusieurs facteurs sont à prendre en compte :

  • Un essor démographique et une urbanisation fulgurante qui dopent la demande intérieure.
  • Une industrialisation qui restructure les économies et attire capitaux étrangers et multinationales.
  • L’expansion d’une classe moyenne qui stimule la consommation et crée de nouveaux marchés pour biens et services.

La différence avec les marchés développés ne s’évalue pas seulement à l’aune du PIB ou du revenu moyen. Elle se révèle dans la capacité à changer de cap, dans l’ouverture progressive aux capitaux mondiaux, dans la rapidité d’adoption des technologies. Pour les investisseurs, les actions émergentes forment ainsi un terrain d’apprentissage permanent, où chaque pays impose ses propres règles du jeu et ses risques spécifiques.

Quels moteurs de croissance transforment ces économies ?

La vitalité des marchés émergents s’explique par la convergence de plusieurs dynamiques puissantes. La montée en puissance de la classe moyenne change la donne : elle stimule la consommation locale, attire les investissements et infléchit la trajectoire de croissance. Regardons les chiffres : la Chine pèse désormais 18 300 milliards de dollars de PIB, l’Inde, avec une population en croissance et des villes qui s’étendent, atteint 3 900 milliards en 2024. Le Brésil, après avoir surmonté une crise, renoue avec la croissance à 2 200 milliards. Au Mexique, la vigueur de l’industrie manufacturière, appuyée par l’USMCA, et le dynamisme du secteur des services créent de nouveaux relais de développement.

Les technologies numériques bousculent aussi les équilibres. L’adoption généralisée du mobile, la diffusion rapide des services digitaux et l’émergence de champions locaux bouleversent la productivité et le commerce. Les économies émergentes se positionnent désormais sur les technologies propres, les énergies renouvelables et les services numériques, offrant ainsi des débouchés inédits aux entreprises et investisseurs en quête de relais de croissance.

Pour mieux appréhender les leviers qui propulsent ces économies, voici les principaux ressorts à surveiller :

  • La croissance interne, portée par la démographie et l’urbanisation, qui donne de la profondeur aux marchés domestiques.
  • L’investissement massif dans les infrastructures et l’industrialisation, qui redistribue les cartes des chaînes de valeur mondiales.
  • L’ouverture progressive des marchés et leur intégration financière, qui favorisent l’essor du secteur privé.

Désormais, la dynamique ne repose plus seulement sur l’exportation de matières premières. C’est la diversification, l’innovation locale et la capacité à rebondir qui font la différence. Les grandes puissances économiques doivent compter avec ces nouveaux venus, qui savent se réinventer pour tirer parti de chaque mutation.

Opportunités d’investissement : où et comment saisir le potentiel ?

Ce qui attire sur les marchés émergents ? Leur énergie, leur potentiel de rendement, la variété des secteurs en pleine croissance. Pour les investisseurs, plusieurs chemins mènent à ces marchés : accès direct via l’achat de titres, fonds indiciels ou stratégies pilotées par des sociétés de gestion. La clé réside dans la diversification : panacher géographies et secteurs pour limiter l’exposition à un seul choc local. Chine, Inde, Brésil, Mexique, Afrique du Sud… chaque pays a son tempo, ses relais de croissance, ses risques propres.

Des solutions simples existent, comme les ETF (Vanguard FTSE Emerging Markets ETF, iShares MSCI Emerging Markets ETF), qui donnent accès à un vaste panier de sociétés émergentes sans devoir sélectionner chaque action une à une. Ces fonds offrent à la fois liquidité et large couverture des économies concernées. D’autres préfèrent cibler des fonds spécialisés labellisés ISR ou Article 9 SFDR, à l’image de Carmignac Emergents, qui intègrent les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance dans leur sélection.

L’innovation numérique fait bouger les lignes. Des sociétés comme Smartling (traduction automatisée) ou Stripe (paiement digital) accompagnent les acteurs internationaux qui visent ces territoires. Sur place, de nouveaux géants émergent : Kaspi, leader de la fintech kazakhe, ou Nu Holdings, poids lourd brésilien de la banque digitale, redéfinissent les standards du secteur.

Pour s’y retrouver, certaines bonnes pratiques sont à privilégier :

  • Veiller à diversifier ses positions entre différentes régions et secteurs.
  • Être lucide sur la volatilité qui caractérise ces marchés.
  • S’appuyer sur des sociétés de gestion expérimentées, capables de décrypter les cycles locaux.

Le potentiel est bien là, mais il s’exprime pleinement avec méthode, patience et une bonne dose de sang-froid devant les inévitables à-coups du marché.

Femme directrice en costume dans un bureau moderne

Entre promesses et incertitudes : les principaux risques à anticiper

Les marchés émergents fascinent par leur énergie, mais le parcours est rarement linéaire. La volatilité reste la règle du jeu : les indices boursiers y connaissent des variations marquées, bien plus que sur les places occidentales. Parfois, il suffit d’une annonce politique, d’une rumeur sur la dette ou d’une tension géopolitique pour inverser le flux de capitaux en un clin d’œil. Même les gestionnaires les plus aguerris doivent composer avec ces secousses imprévisibles.

L’instabilité politique est aussi un facteur à surveiller. Changement de majorité, crise institutionnelle, nationalisation soudaine : le contexte réglementaire peut évoluer sans prévenir. Le Brésil et la Turquie ont montré ces dernières années à quel point il peut être difficile d’anticiper les virages du pouvoir sur le long terme.

À cela s’ajoute le risque de change. Une dépréciation rapide de la devise locale face au dollar suffit parfois à effacer la performance d’un investissement, même si l’économie locale tourne à plein régime. Les devises des pays émergents, rarement soutenues par des réserves massives, subissent la pression des taux américains et les mouvements de capitaux internationaux.

Voici les principaux points de vigilance à garder en tête :

  • La dépendance aux matières premières fragilise certains marchés (Russie, Afrique du Sud, Brésil) et les expose aux cycles de prix mondiaux, souvent imprévisibles.
  • La transparence reste parfois inégale : la qualité de l’information financière complique l’évaluation précise des risques sur les titres ou instruments disponibles.

Des moteurs puissants, mais aussi des incertitudes qui ne disparaissent jamais vraiment. Pour qui veut s’y aventurer, mieux vaut garder les yeux grand ouverts et une stratégie de gestion des risques bien affûtée. Les marchés émergents, c’est la promesse d’une aventure où chaque étape réclame vigilance et discernement.